La mémoire perdue

« La mémoire perdue » est un silence à 4 temps. En fait, l’amnésie s’accroche à très peu de choses, comme la pause dans la musique. Les silences ne sont « attachés » à rien – contrairement aux figures de notes – comme le sont l’absence, l’oubli, le silence… L’œuvre de Jean-Matthieu Gosselin et UllicMorard est une réflexion visuelle sur la mémoire individuelle perdue et sur la mémoire collective à reconstruire. Ils proposent un voyage au cœur d’une mémoire abîmée, ébréchée, avec de petits stigmates et des cicatrices fugaces.

Dans le cas de ces images mixtes entre deux photographes, sur la mémoire perdue, la mémoire collective à reconstruire et l’amnésie, la pause est longue, douloureuse, elliptique, mais elle permet néanmoins, grâce à ce travail, de célébrer ou de commémorer des morceaux de vie.

Ce travail partagé est un voyage à travers des ressources intimes, un recueil d’expériences, une réflexion sur la mémoire, qu’elle existe ou non. Ils proposent des images, suspendues dans l’air, en mouvement, qui se parlent, pour faire une pause – plusieurs pauses selon le point de vue du visiteur – pour penser, pour réfléchir à ce que sont les récits, ce qui est plausible, ce qui est vrai, ce qu’est la poésie, ce qu’est l’amnésie, ce qu’est l’oubli, ce qu’est la reconstruction du passé…

Il s’agit de comprendre ce qu’est l’histoire des hommes, la mémoire elle-même, de comprendre l’empire de l’histoire, le pouvoir du pouvoir mémoriel, les commandements de la beauté simple, le pouvoir de la transformation quotidienne de la mémoire, l’autorité des souvenirs, la domination du vide – d’où naît le Souffle – et du plein, et le pouvoir du but. « L’art est une pause, une rencontre de sensibilités » a déclaré DoménicoCieri Estrada.