Regard subjectif sur le centre de Nîmes

« REGARD SUBJECTIF SUR LE CENTRE DE NIMES ».

« Mais il n’y a pas de vérité en photo. Il y a un point de vue. »

Joan Fontcuberta

J’aime la narration photographique parce que j’essaie toujours de saisir des sujets signifiants qui permettent de raconter des histoires, qu’elles soient véritables ou plausibles, ou même romanesques ou poétiques.

Toutes mes histoires commencent évidemment par un sujet, presque une histoire en soi, ou un thème significatif en une image qui s’autosuffit ! Je tente ensuite de capturer des moments clés, des gens, des émotions, des détails, des bodégones, des surprises. J’utilise la composition pour guider le récit et je créée une série cohérente en faisant attention au sens de la narration, à l’époque, à la saison, à la lumière et à la couleur.

Capturez les émotions est toujours ma recherche. Les portraits, les paysages urbains, la nature morte ou le bodégone le permettent tous tout autant. La narration est un « lâcher prise » qui permet d’entrer en résonance avec qui et ce que l’on rencontre.

C’est ce que j’ai tenté de réaliser dans les rues de Nîmes !

Les photos d’une narration sont souvent des tests de Rorschach : on n’y comprend que ce que l’on a envie de saisir à l’instant du regard ou du décryptage.

Le peuplement du centre-ville de Nîmes (3ème ville d’Occitanie, nœud ferroviaire et ville touristique) est constitué d’une population âgée (souvent des, femmes veuves, et propriétaires de leur logement fréquemment en mauvais état).

Le développement de la ville s’est fait par zones pavillonnaires successives, allant de zones ouvrières jusqu’à des zones bourgeoises chics sur les extérieurs. Le centre, qui mesure environ 1 km de diamètre, développé autour des monuments romains (arènes, maison carrée, porte d’Auguste…), a été restauré en fonction du tourisme et d’une gentrification bourgeoise aisée venue d’ailleurs.

Toutefois des rues entières sont dans des états déplorables, étroites, sales, avec câbles pendants, des morceaux de pierres manquants, des immeubles vides…. D’importants travaux de construction sont en cours, mais ils sont tous, proches de lieux touristiques ou esthétiques (musée de la Romanité et son auditorium, le Carré d’Art…). Malheureusement, au-delà d’un rayon de 150 mètres de ces lieux rénovés, la ville retrouve son aspect des années 50…, avec les années d’usage en plus. C’est cette situation plurielle et de transformations sociales par patchs en oubliant les habitants de longue date que j’ai essayé de montrer en 7 photographies en mélangeant portraits de femmes et photos d’architectures, d’urbanisme, de délabrements, de travaux en cours, ou des détails, parfois plus subtils. Il s’agit d’une radioscopie de la France : « Regard sur le centre de Nîmes ».