Au temps de la voiture

C’était une Aronde bleue ou blanche,
Je ne sais plus
Elle grimpait fièrement la côte vers Théodoric
Elle la redescendait le soir à plein, après gnocchis et pintades maison
L’hirondelle était dans l’air du temps,
Rock’n roll !

C’était une 403 crème,
Avec un toit ouvrant et sa manivelle,
Une berline familiale pour voyager en touristes
Vers sa passion pour les plages de l’Atlantique
Et le lent reflux voluptueux de la mer.

C’était une ID 19 verte
Révolutionnaire, jeune et dynamique
Grâce à l’hydraulique, tout était fantastique
Sauf l’assise des enfants qui découvraient le mal de mer
L’ersatz de la star en confort.

C’était une DS 21, grise, je crois,
Modernité et rapidité
Peut-être même une 23…allez savoir,
Le volant de direction monobranche
Inquiétait et fascinait les bambins.

C’était une Matra Bagheera, trois places seulement
Pour une famille de cinq,
La panthère noire n’avait de sportive que le nom
C’est un coupé pour s’amuser
Mais comme l’ami de Mowgli elle était fière et indépendante.

C’était une 4L Rouge
Qui dans la fournaise de Montserrat
Ne pouvait plus monter, comme un caprice de l’érosion
Les passagers descendaient les uns après les autres, sauf le chien ;
Pourquoi avoir 4L quand on peut aller à pied ?

Toutes m’ont apporté,
M’ont fait toucher la liberté et le silence,
Et je vois mon père au volant
Avec ses élégances, brosse, moustache, imberbe,
Et souvent sifflant ou chantant je ne sais plus quoi…

Ah si… «et maintenant que vais-je faire ? »